Des documents judiciaires racontent les déboires de Pride Group

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Des documents judiciaires relatifs à la demande de protection contre les créanciers déposée par Pride Group Holdings dressent le portrait d’un conglomérat de transport et d’immobilier autrefois florissant, pris au dépourvu par la détérioration rapide du secteur du camionnage.

La demande de protection contre les créanciers concerne 16 transporteurs, 45 sociétés de portefeuille immobilier et 10 autres compagnies de portefeuille fondées et contrôlées par Sulakhan «Sam» Johal.

(Photo: Pride Group)

Collectivement, les entreprises doivent à leurs créanciers environ 1,6 milliard de $ CA et 637 millions de $ US. La semaine dernière, Mitsubishi HC Capital America a engagé des poursuites contre Johal et son frère Jasvir Johal, les accusant de ne pas avoir respecté les lignes de crédit contractées pour constituer des inventaires pour Pride Truck Sales et Tpine Leasing. Le prêteur réclame des dommages-intérêts d’environ 100 millions $, affirmant que les Johals ont personnellement garanti les prêts et qu’ils ont ensuite manqué à leurs obligations de paiement.

Jeudi soir, Pride a publié un communiqué de presse indiquant qu’elle avait obtenu la protection des créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) afin de gagner du temps pour mettre de l’ordre dans ses affaires et restructurer l’entreprise. Les documents relatifs à cette demande de protection contre les créanciers détaillent ce qui a mal tourné.

Les créanciers se manifestent

La déclaration sous serment de Sulakhan Johal indique que Pride Group est exploitée à partir de plus de 50 installations louées et possédées aux États-Unis et au Canada, contrôlant plus de 20 000 camions, y compris ceux qui se trouvent sur les sites des concessionnaires de la compagnie.

Plus de 20 prêteurs ont des droits sur environ 1,6 milliard $ de dettes de la société située à Mississauga. Il s’agit notamment de grandes institutions financières telles que Mitsubishi Capital, ainsi que de constructeurs de camions, dont Daimler Truck Financial Canada (193 millions $), Daimler U.S. (69,7 millions $), Paccar Financial (46,9 millions $) et Volvo Financial Services Canada (9,8 millions $).

L’activité de Pride Group consistait à offrir une «solution unique» comprenant la vente et la location de camions ainsi que les réparations et l’entretien pour les voituriers remorqueurs, principalement issus de la communauté sud-asiatique.

Dans sa déclaration sous serment, M. Johal a indiqué que la population des voituriers remorqueurs était en péril.

«L’industrie nord-américaine du camionnage et de la logistique est confrontée à un ralentissement prolongé, dont les effets sont exacerbés par la prospérité du camionnage et de la logistique qui a précédé le ralentissement, et qui peut être attribuée à la pandémie de Covid-19 et à des événements géopolitiques majeurs», peut-on lire dans les documents déposés auprès du tribunal.

«Les prix du fret au comptant, les prix du diesel et les tendances des taux d’intérêt ont tous été initialement favorables à l’industrie après le début de la pandémie de Covid-19. Ils se sont tous détériorés de manière importante depuis lors. Le résultat final est d’autant plus grave que l’offre accrue de services de transport et de logistique qui a été mise sur le marché au cours de la période de reprise se trouve actuellement en surcapacité inutilisée sur le marché.»

«Les effets de tout ce qui précède ont été supportés de manière disproportionnée par les petites entreprises de camionnage et de logistique et par les voituriers remorqueurs en particulier. Parmi ces derniers, ceux qui sont entrés sur le marché lors de l’augmentation initiale de la demande après le début de la Covid-19 ont été les plus touchés, car ils ont acheté ou loué des camions lorsque les prix étaient au plus haut ou proches du plus haut et ont financé leurs opérations d’acquisition lorsque les taux d’intérêt étaient bas, deux situations qui se sont inversées de manière spectaculaire depuis lors.»

Des retards et des impayés ont suivi, explique Johal, ce qui a eu un impact sur la situation financière de Pride. En peu de temps, Pride Group elle-même s’est trouvée dans l’incapacité de payer ses propres dettes.

Un organigramme soulignant le vaste empire commercial dirigé par Pride Group. (Dépôts au tribunal de la LACC)

La déclaration sous serment raconte l’histoire d’une fortune en rapide évolution

Dans sa déclaration sous serment, Sam Johal a attribué le revirement soudain de l’entreprise à la hausse des taux d’intérêt et des coûts du diesel, à la chute brutale des taux de fret au comptant, à l’augmentation des impayés des clients et aux défauts de paiement des baux et des contrats.

Pride Group lui-même a reçu plus de 40 mises en demeure depuis décembre 2023. Les prêteurs ont indiqué qu’ils ne financeraient plus de nouveaux actifs de location.

Les documents judiciaires indiquent que quelque 30 000 chauffeurs de camion sont en contact avec Pride Group chaque année en tant qu’employés, clients, bailleurs ou entrepreneurs. Le groupe compte environ 1 000 employés et entrepreneurs indépendants aux États-Unis, au Canada et en Inde, la plupart d’entre eux étant au Canada.

«Jusqu’à très récemment, Pride Group était très rentable», a souligné Johal dans sa déclaration sous serment. «Le début de la pandémie de Covid-19 en 2020 a perturbé la trajectoire historique de Pride Group, provoquant dans un premier temps une croissance sans précédent, mais conduisant finalement à l’incapacité de l’entreprise à faire face à ses obligations financières. Cette situation n’est pas propre à Pride Group et a affecté l’industrie du camionnage et de la logistique dans son ensemble.»

L’entreprise a vu son destin directement lié à celui de la communauté des voituriers remorqueurs en difficulté. «Toute défaillance d’un seul voiturier-remorqueur a des répercussions sur plusieurs secteurs d’activité», a expliqué M. Johal.

Pride a tenté de consolider son financement et d’attendre la fin de la récession, a-t-il dit dans sa déclaration sous serment. Elle a réduit ses effectifs et mis fin aux activités les moins rentables. Elle a également été contrainte de suspendre ses paiements aux prêteurs afin de poursuivre ses activités.

«La récession s’est poursuivie et Pride Group ne peut plus maintenir le statu quo.»

Entretemps, la société a déterminé que certains camions étaient financés par plusieurs prêteurs, faisant des réclamations concurrentes sur la même garantie, «à l’insu de la compagnie et des prêteurs concernés.»

Présentement, Pride Group loue quelque 18 500 camions à des clients au Canada et aux États-Unis et  plus de 4 500 camions sont en réserve. L’entreprise a fermé sa division EV et énergie verte, fondée en 2021, «vendant et retournant l’équipement lorsque c’est possible».

Le principal fabricant-fournisseur de Pride était Daimler, mais l’entreprise s’approvisionnait également en camion auprès de Volvo, Navistar et Paccar (Kenworth et Peterbilt).

Pride Group compte quelque 405 entrepreneurs indépendants, la plupart basés en Ontario. «Bien que ces personnes soient engagées en tant qu’entrepreneurs indépendants, elles dépendent uniquement de Pride Group pour leurs revenus», a énoncé M. Johal. «Le maintien de la relation entre les entrepreneurs indépendants et Pride Group est essentiel à la poursuite des activités de ce dernier.»

Johal a demandé au tribunal de l’autoriser à continuer à payer ses entrepreneurs indépendants et ses employés. Johal et son frère Jasvir ont garanti personnellement plus de 200 millions $ de prêts. Ils affirment avoir également injecté environ 18,5 millions $ dans l’entreprise grâce à des fonds empruntés aux lignes de crédit personnelles de la Banque Scotia.

La Banque Scotia a déclaré un défaut de paiement et a menacé d’engager une procédure à l’encontre de Sam Johal, qui a garanti une hypothèque sur une maison qu’il est en train de construire.

Pride peut-il survivre ?

L’entreprise peut-elle survivre après une restructuration sous la protection de la LACC? Johal l’espère. «Une liquidation entraînerait d’importantes pertes d’emplois», affirme l’entreprise. «Elle signifierait également que des milliers de camions seraient vendus sur le marché en même temps, ce qui réduirait la valeur des camions sur le marché nord-américain. Les conséquences seraient considérables.»

L’entreprise a également déclaré que si Pride devait faire faillite, «les retombées d’une disparition non organisée de Pride Group sur les communautés de voituriers remorqueurs au Canada et aux États-Unis en particulier seront catastrophiques, tout comme les effets en spirale sur toutes les entreprises qu’ils soutiennent dans leurs communautés locales. Les moyens de subsistance de milliers de familles sont en jeu.»

Notre publication sœur, TruckNews.com, a demandé une entrevue avec les dirigeants de Pride Group. Mitsubishi Capital a refusé de commenter son action en justice contre la compagnie.

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