Des routes mal conçues et mal entretenues ne peuvent durer, plaide Bitume Québec

Bitume Québec, l’association des acteurs de l’industrie du bitume, de l’entretien des routes et du pavage de la province, a fait hier une virulente sortie afin de réclamer plus d’investissements en entretien préventif des routes et une meilleure conception de ces dernières.

Visiblement agacés par les différents palmarès, dont celui de CAA-Québec établissant la liste des pires routes du Québec, ces professionnels de la construction et de l’entretien de routes demandent plutôt au ministre des Transports François Bonnardel de revoir ses politiques et règles d’investissement stratégique aux fins de la réhabilitation et d’entretien préventif des routes au Québec.

Selon le président de Bitume Québec, Martin Pelletier, les investissements prévus de 4,8 milliards de dollars au cours de la période 2019-2021 sont « nettement insuffisants pour remettre parfaitement à niveau le réseau routier québécois » puisque, affirme-t-il, seuls 30% de cette somme (1,451 milliard) sont destinés à assurer le bon état des chaussées.

L’organisation réclame la mise sur pied d’un Forum national sur la réhabilitation et l’entretien préventif des routes regroupant des représentants de l’État, du monde scientifique et de la recherche et des acteurs de l’industrie.

Ces derniers, ajoute Bitume Québec, « ne font que répondre fidèlement aux commandes données par l’État, le secteur public et/ou ses mandataires ». Ces commandes seraient insuffisamment exigeantes sur le plan technique, selon le lobby. « Le nœud du problème du réseau routier demeure la nature et la qualité des fondations de chacune des routes du réseau », a poursuivi M. Pelletier.

En entrevue à Transport Routier, Martin Pelletier utilise l’analogie d’une rénovation résidentielle pour préciser sa pensée. « On peint l’extérieur de la maison sans changer les planches qui sont pourries. La nature des travaux demandés depuis plusieurs années, on ne se rend pas jusque dans les fondations. On ne fait que des travaux de surface », dit-il.

Ce qui est désolant selon M. Pelletier, c’est que ce sont les gens de pavage qui sont montrés du doigt lorsqu’une route est en mauvais état. Pourtant, souligne-t-il : « Le pavage ne fait que réagir à ce qui se passe sous la surface. »

Il invite à faire la comparaison avec les réseaux routiers des provinces et États contigus. « Quand on regarde les juridictions voisines, ils font des structures de chaussées beaucoup plus imposantes que ce que nous avons présentement », dit-il.

Il y aurait cependant place à l’espoir selon le président de Bitume Québec, qui donne en exemple des autoroutes québécoises plus récentes comme la 30 ou la 25 qui résistent beaucoup mieux au passage du temps selon lui.

À l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), le directeur général adjoint Pierre Tremblay croit que l’affirmation de Bitume Québec à l’effet que la qualité de la fondation des routes serait responsable de leur piteux état en surface doit être nuancée.

M. Tremblay rappelle que les normes appliquées par les concepteurs de routes sont similaires partout en Amérique du Nord. « Les donneurs d’ouvrage fonctionnent selon les mêmes barèmes. Je ne mettrais pas en cause l’intelligence de ces gens depuis 50 ans », dit-il.

La question à se poser selon lui est plutôt de savoir si une fondation donnée est appropriée pour un type de sol donné. Par exemple, dit-il, la 40 à Batiscan repose sur des sols relativement mous tandis que la 138 dans la vallée du St-Laurent s’appuie sur du roc, ce qui requiert des préparations différentes.

Quoi qu’il en soit, l’état du réseau routier est appelé à se dégrader encore davantage si aucune mesure proactive n’est mise de l’avant, croit Bitume Québec, notamment en raison des changements climatiques et l’une de leurs conséquences que sont les hivers de neige et de pluie, accompagnées de gel, dégel et de regel à répétition.

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*