La grève dans les ports de Colombie-Britannique reprend après le rejet de l’accord par les travailleurs

Les ports de la Colombie-Britannique sont confrontés à un avenir incertain après que le syndicat des débardeurs ait rejeté un accord de médiation de principe et repris le mouvement de grève qui avait été temporairement interrompu la semaine dernière.

L’International Longshore and Warehouse Union Canada (ILWU Canada) déclare, dans sa décision de mardi de reprendre les piquets de grève, que «les employeurs n’ont pas pris en compte les problèmes liés au coût de la vie» auxquels les travailleurs ont été confrontés au cours des dernières années.

Le syndicat, qui représente 7 400 travailleurs qui ont fait grève du 1er au 13 juillet, a déclaré que sa priorité a toujours été de protéger sa juridiction et que cette position «n’a pas changé.»

Le port de Vancouver (Photo : iStock)
Le port de Vancouver. (Photo : iStock)

Mark Thompson, professeur émérite de l’université de la Colombie-Britannique, estime que la situation se trouve désormais en «territoire inconnu», car la grève est inhabituellement longue pour Vancouver.

Selon M. Thompson, le gouvernement fédéral s’est montré très réticent à adopter une législation de retour à l’emploi dans les conflits du travail, mais les grèves qui perturbent le port de Vancouver, le plus grand du Canada, n’ont pas duré plus de deux semaines depuis au moins les années 1980.

La reprise de la grève de l’ILWU signifie que plus de 30 terminaux portuaires et autres sites de la province sont à nouveau fermés pour une durée indéterminée.

L’accord de principe de quatre ans rejeté par le groupe parlementaire du syndicat avait été proposé par un médiateur fédéral à la demande du ministre du Travail, Seamus O’Regan.

Le ministre O’Regan et le ministre des Transports Omar Alghabra ont publié, en fin de soirée, une déclaration commune confirmant que l’association des employeurs avait accepté les termes de l’accord, mais que la direction du syndicat des travailleurs avait décidé de ne pas recommander à ses membres de ratifier les termes de l’accord.

Les deux ministres ont également exprimé leur déception, affirmant que l’accord de médiation mettant fin à l’arrêt de travail était le résultat d’un processus de négociation collective constructif et substantiel.

La déclaration commune des ministres semble également faire allusion à une éventuelle initiative visant à introduire une législation de retour à l’emploi, en déclarant : «Nous avons été patients. Nous avons respecté le processus de négociation collective. Mais nous avons besoin que nos ports fonctionnent.»

Les exportateurs du Québec demandent une loi spéciale

Face à ce retour en grève, plusieurs entreprises et associations de partout au pays  s’inquiètent des impacts économiques que vont engendrer cette reprise du conflit. C’est le cas de Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ) qui demande la mise en place d’une loi spéciale afin que les ports puissent continuer d’opérer.

«Ce conflit de travail a déjà trop fortement impacté nos entreprises. Non seulement les manufacturiers du Québec sont littéralement pris en otage avec ces grèves, mais la réputation du Québec et du Canada est sérieusement mise à mal lorsque ce genre de conflits survient à répétition. C’est l’économie québécoise au complet qui en souffrira. Une loi spéciale doit absolument être votée rapidement pour que les opérations reprennent le plus tôt possible», mentionne Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.

Un sondage effectué auprès des manufacturiers et exportateurs québécois visant à déterminer les impacts de la grève sur les entreprises démontre que ces dernières ont été durement touchées. En effet, les coûts pour les entreprises manufacturières qui subissent des retards s’élèvent en moyenne à 135 000 $ par jour de grève, par entreprise. Il a aussi été évalué que pour chaque jour de grève, 5 à 6 jours seront nécessaires pour absorber les retards générés par cet arrêt de travail.

De plus, 98% des répondants souhaitent des réformes qui permettraient au gouvernement fédéral d’imposer un arbitrage exécutoire aux travailleurs en grève, tandis que la totalité des répondants souhaite que le gouvernement traite les aspects vitaux du réseau de transport du Canada comme des services essentiels.

«Le transport doit devenir un service essentiel alors qu’une grève a le pouvoir de paralyser l’économie du Québec, et ultimement, tous les Québécois. Il faut absolument que le gouvernement trouve des solutions pérennes permettant de prévenir ce genre de situation», soutient Mme Proulx.

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