L’ACQ interpelle Québec sur les allocations de repas aux chauffeurs et surveille le report des retenues à la source

Le dossier des allocations de repas pour les chauffeurs de camions fait l’objet de négociations entre l’industrie et le gouvernement du Québec depuis des années, mais il prend une toute nouvelle tournure dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Le nombre de restaurants ouverts et/ou de points d’approvisionnement en nourriture à manger dans le camion étant plus limité, il faut souvent parcourir des distances supplémentaires pour en trouver un, ce qui génère des dépenses de carburant en plus de diminuer le nombre d’heures de service disponibles pour le transport de la cargaison vers son destinataire.

« En combinant ces facteurs avec la baisse du taux de change entre le Canada et les États-Unis, les conducteurs québécois transportant des marchandises provinciales, nationales et américaines sont confrontés à des défis de coûts importants », indique l’Association du camionnage du Québec (ACQ) sur son site Web.

C’est dans cet esprit qu’elle a interpellé le ministre de l’Économie et l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, en lui faisant parvenir une lettre dans laquelle il lui est demandé d’ajuster la déductibilité pour les frais de repas des chauffeurs de courte et de longue distance.

En entrevue à Transport Routier, le conseiller aux affaires économiques et fiscales de l’ACQ, Frédérik François, précise que des démarches ont également été entreprises auprès des ministres François Bonnardel (Transports) et Eric Girard (Finances). Et l’ACQ est tenace. « On fait des représentations depuis à peu près 10 ans à ce sujet-là lors des consultations prébudgétaires au Québec », déclare M. François.

De façon concrète, l’ACQ demande à Québec d’augmenter les seuils de déductibilité et de revoir les critères actuels de distances parcourues et de temps passé sur la route. En ce moment, tout mouvement de transport de moins de 160 kilomètres et durant moins de 24 heures n’est pas admissible.

L’ACQ demande que les repas des chauffeurs parcourant moins de 50 kilomètres soient déductibles à 50% et que la déduction accordée passe à 80% dès qu’un trajet dépasse cette distance. « On ne demande pas la déductibilité totale », indique néanmoins M. François pour illustrer le caractère raisonnable de la démarche selon l’Association.

Il est trop tôt pour établir s’il s’agit d’un signe d’ouverture de la part de Québec, mais les autorités auraient déjà réagi à cette initiative de l’ACQ, demandant même des compléments d’information.

Report des paiements de retenues à la source

Nous avons publié hier un article faisant état des démarches entreprises par l’Alliance canadienne du camionnage (ACC) auprès du gouvernement fédéral pour qu’Ottawa accorde aux entreprises de transport par camion un report des paiements de retenues à la source, question de leur laisser un peu de temps – et de liquidités – pour remettre leurs opérations sur la bonne voie en cette période difficile.

Nous avons profité de notre discussion avec l’ACQ pour vérifier si l’Association entendait faire des représentations similaires auprès du gouvernement du Québec pour les retenues à la source qui lui sont destinées (CNESST, assurance parentale, etc.).

Dans un premier temps, M. Cadieux précise que l’ACQ étant membre de l’ACC, elle a activement participé – et continue de le faire – à l’initiative de l’association pancanadienne. Et bien qu’un report similaire serait le bienvenu de la part de Québec, c’est sur Ottawa que l’industrie entend d’abord mettre de la pression.

« Je pense que si ça passe au fédéral, ça passera au provincial », déclare M. François pour expliquer le front sur lequel cette bataille est menée, le passé récent pouvant fort être garant de l’avenir. « Le provincial, sur certains aspects, a copié le fédéral », ajoute le spécialiste des affaires fiscales, faisant référence à des décisions telles que le report des remboursements de taxes de ventes ou d’acomptes provisionnels.

Quant à l’ampleur de la détresse économique vécue par plusieurs flottes canadiennes selon le sondage mené par l’ACC et auquel nous avons fait écho dans le texte évoqué ci-dessus – hausse marquée des kilomètres parcourus à vide, baisse des revenus – le Québec ne fait pas exception selon ce que M. Cadieux entend de ses membres, dont plusieurs font partie de l’échantillonnage du sondage mené par l’ACC.

Bien que des chiffres propres au Québec ne soient pas disponibles, « La tendance est là, c’est sûr et certain », dit M. Cadieux au sujet des transporteurs québécois dont plus de camions circulent à vide qu’en situation normale.

Et eux aussi ont souvent du mal à se faire payer. « Ce dont on entend parler en ce moment, c’est que les recevables sont beaucoup plus lents », conclut le président-directeur général de l’ACQ.

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