Las de «subventionner le MTQ», les transporteurs de vrac fourbissent leurs armes

Les camionneurs qui transportent des matières en vrac – gravier pour les chantiers routiers, sel de déglaçage, etc. – pour le ministère des Transports du Québec (MTQ) se disent à bout de souffle parce que, selon eux, les tarifs versés par Québec pour compenser la flambée des prix du diesel ne sont pas représentatifs de la réalité sur le terrain.

À tel point que l’Association nationale des camionneurs artisans Inc. (ANCAI) a publié aujourd’hui un communiqué où elle dit que ses membres en ont assez de «subventionner le ministère des Transports».

Les camions de l’ANCAI sont notamment utilisés sur les chantiers routiers du MTQ. (Photo : ANCAI)

En entrevue à Transport Routier, le directeur général de l’ANCAI, Gaétan Légaré, affirme que les ajustements de tarifs accordés par le MTQ sont insuffisants pour combler les pertes liées aux hausses successives des prix du carburant.

«Au mois de mars, on mangeait 60 cents du litre chaque fois qu’on faisait le plein», dit-il, ajoutant que la situation ne s’est guère arrangée en avril, avec des pertes de plus de 40 cents le litre.

«On a forcé nos gens à donner le service pour le transport de sel pour l’entretien des routes, on a même pénalisé des camionneurs qui ne voulaient pas y aller parce qu’ils mangeaient de l’argent», dit M. Légaré pour illustrer la bonne foi et la patience dont l’ANCAI et ses 5 000 membres ont fait preuve jusqu’à maintenant.

«Au mois de mars, on mangeait 60 cents du litre»

Là où le bât blesse selon l’ANCAI, c’est que le MTQ utiliserait le prix à la rampe de chargement à Montréal à titre de prix de référence, où, dit-il, «personne ne va faire le plein là».

«La moyenne du mois de mars à la rampe de chargement était à 1,59 $ [le litre] alors que la moyenne provinciale de la Régie de l’énergie, à la pompe et aux Cardlock, était 1,762 $. Leur référence est 20 cents en bas de ce qu’on paie vraiment.»

M. Légaré dit craindre que ces pertes sèches aient un impact sur la sécurité routière, certains camionneurs devant rogner sur les dépenses d’entretien de leur poids lourd pour demeurer à flot.

«Quand tu es au bout du rouleau, il faut que tu coupes quelque part. Si on fait le calcul, le 300 litres à 60 cents [de perte], ça commence à faire de l’argent en tabarouette», dit-il.

Moyens de pression : «Tout est sur la table»

Les membres de l’ANCAI tiendront un conseil général à Québec samedi afin de déterminer «la stratégie à adopter pour pousser le Ministère à compenser ses membres pour les pertes subies depuis le début de 2022».

Gaétan Légaré. (Photo : ANCAI)

Parmi les scénarios envisagés pour mettre de la pression sur le gouvernement, M. Légaré évoque la mise au rancart des camions, ce qui compromettrait certains chantiers routiers; des convois de protestation ou encore l’incitation massive à aller rencontrer les députés en cette période préélectorale.

«On va voir ce que les camionneurs vont décider. Tout est sur la table», dit le porte-parole de l’ANCAI.

Transport Routier a communiqué avec le cabinet du ministre des Transports, François Bonnardel, afin d’obtenir la version des faits du MTQ. Nous sommes en attente d’une réponse.

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