Les vérifications chez les mandataires coûteront plus cher

Au tout début de 2023, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) mettra en place sa nouvelle plateforme de services en ligne simplifiés SAAQclic. Un chantier informatique majeur qui vise à accélérer et faciliter les services offerts aux citoyens et aux entreprises mais qui, de façon collatérale, fera augmenter le prix des vérifications mécaniques de ses mandataires.

«Avec le déploiement du nouveau système, de nouvelles consignes s’appliquent, dont celle qui demande aux mandataires de prendre une série de mesures lorsqu’une défectuosité est constatée», explique Simon Mercier, directeur général de l’Association des mandataires en vérification mécanique du Québec (ASMAVERMEQ), en entrevue à Transport Routier.  

Le nouveau rapport de la SAAQ, dont nous avons obtenu copie, compte une nouvelle colonne, celle des mesures qui devront être prises en cas de défectuosité. Au total, c’est plus de 70 défectuosités qui devront être mesurées si elles sont décelées. Cela va des phares au liquide de frein, en passant par les sièges, les pneus et la sellette d’attelage.

Ces nouvelles exigences de mesure auront un effet direct sur la durée des inspections.

«Si, par exemple, un inspecteur trouvait un éclat dans un pare-brise, il l’inscrivait avec un code et la directive de faire réparer. Avec les nouveaux rapports, l’inspecteur devra aussi mesurer cet éclat en millimètres puis l’inscrire sur le rapport et l’entrer dans le système informatique de la SAAQ», illustre M. Mercier.

En soi, ces mesures sont bonnes pour la sécurité routière, convient M. Mercier. «Plus tu es précis, mieux c’est», dit-il, ajoutant que ces mesures feront, inévitablement, qu’il faudra plus de temps pour faire une inspection.

Conséquemment, tout le monde dans le réseau de mandataires en vérification mécanique envisage de réviser ses structures de prix à la hausse. Rapidement, les mandataires se sont rendu compte que la nouvelle exigence entraînera un important manque à gagner.

Simon Mercier avance quelques chiffres à titre d’exemple. «Prenons un inspecteur qui effectue en moyenne 12 inspections par jour, et que 50 % de ces inspections sont allongées de 30 minutes en raison des nouvelles exigences de mesure. On devra donc compter trois heures supplémentaires pour une journée de travail normale. Sur une année complète, on arrive à une perte de 700 heures d’inspection mécanique chez un seul mandataire. Cela a un impact majeur.»

(Image: SAAQ)

L’ASMAVERMEQ évalue que le réseau de mandataires effectue quelque 300 000 inspections par année. De façon conservatrice, on estime que les nouvelles exigences prolongeront les temps d’inspection de quelque 20 %. Théoriquement, cela se traduit par 60 000 inspections annuelles en moins au Québec.

Les mandataires augmenteront-ils leurs tarifs de 20 ou 25 %? Simon Mercier ne peut pas répondre à cette question, car ce n’est pas à l’ASMAVERMEQ de fixer les prix des inspections.

Une inspection de véhicule lourd coûte entre 150 et 200 $ selon la région, avec une moyenne se situant autour de 170 $. «Comment les entreprises vont gérer ça? C’est encore trop frais comme nouvelle pour le dire. Mais il y aura une perte de rentabilité et une hausse de prix, c’est assuré.»

En outre, les ateliers très achalandés auront encore plus de mal à répondre à la demande.

Élément important : les entreprises qui font partie du programme d’entretien préventif (PEP) ne sont pas touchées par les changements. Selon une communication de la SAAQ que nous avons obtenue, les propriétaires de véhicules ayant un programme d’entretien préventif reconnu doivent uniquement respecter les normes prévues au Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers concernant le programme d’entretien préventif. La SAAQ ne peut donc pas leur obliger la prise de mesures lors de leurs vérifications.

Toutefois, la SAAQ a prévu réviser les fiches modèles disponibles sur son site afin d’ajouter un espace pour la prise de mesures. La SAAQ recommandera d’en prendre note, mais ne peut pas les exiger ou émettre des sanctions à ceux qui ne le feraient pas.

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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