Ottawa veut encadrer les conflits de travail dans les ports et y interdire les travailleurs de remplacement

Si la grève des éclusiers de la Voie maritime fait les manchettes en ce moment, le ministre du Travail du Canada, Seamus O’Regan Jr., a encore fraîchement en mémoire celle des débardeurs de la Colombie-Britannique de juillet dernier.

Celle-ci a grandement perturbé l’industrie du camionnage et la chaîne d’approvisionnement en entier.

M. O’Regan vient de publier une déclaration dans laquelle il dit vouloir « examiner les questions d’ordre structurel à l’origine des récents conflits de travail impliquant les débardeurs dans les ports de la côte Ouest ainsi que dans d’autres ports du Canada. »

Débardeur sur un quai au port de Québec
Les grèves dans les ports de Colombie-Britannique « ont constitué un fardeau pour les nombreuses entreprises et les nombreux travailleurs qui dépendent des chaînes d’approvisionnement », dit le ministre fédéral du Travail qui veut remédier à la situation. (Photo : Port de Québec)

Pour ce faire, il s’est adjoint les services de deux spécialistes pour le conseiller, Anthony Giles et  Kevin Banks.

M. Giles est spécialisé en relations industrielles, tandis que M. Banks est un arbitre et médiateur d’expérience.

Ensemble, les deux experts ont jusqu’au 31 décembre 2023 pour « déterminer les questions clés auxquelles il faut trouver réponse et proposer un cadre de référence pour l’examen », dit le ministre O’Regan. «  En 2024, nous informerons les Canadiens des prochaines étapes du processus. »

Le ministre dit croire en la négociation collective et comprendre que les grèves et lock-out font partie intégrante du processus.

« Toutefois, l’été dernier, les Canadiens ont été touchés par des perturbations économiques qui n’auraient pas dû être provoquées par un seul conflit de travail », ajoute-t-il, précisant que ce sont ces perturbations qui ont mené à la mise sur pied du comité d’examen évoqué plus haut.

M. O’Regan estime que le Canada est toujours un partenaire commercial fiable à l’échelle internationale.

« Cela dit, notre crédibilité dépend de la stabilité de nos chaînes d’approvisionnement. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour maintenir cette stabilité », conclut-il.

Ports de Québec, de Montréal, et travailleurs de remplacement

Le recours à des travailleurs de remplacement (aussi appelés « scabs » dans le jargon des relations de travail) est au cœur du conflit de travail au port de Québec, où les syndiqués sont en lock-out depuis plus d’un an.

Ils verront probablement d’un œil favorable le fait qu’Ottawa maintienne le cap pour interdire de telles pratiques.

En réponse aux questions de Transport Routier, le cabinet du ministre du Travail a fait parvenir par courriel la déclaration suivante : « Le gouvernement reste déterminé à déposer un projet de loi d’ici la fin de l’année afin d’interdire le recours aux travailleurs de remplacement dans les secteurs d’activité relevant de compétence fédérale. »

Au port de Montréal, la convention collective des débardeurs vient à échéance le 31 décembre prochain, soit exactement la date à laquelle les deux spécialistes retenus par le ministre doivent faire part de leurs premières réflexions et l’échéance fixée pour le projet de loi anti-travailleurs de remplacement.

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