Penser autrement pour embaucher et retenir des travailleurs expérimentés, qui sont de moins en moins nombreux

Deux études parues au cours des derniers jours viennent illustrer que, si les travailleurs expérimentés font partie des groupes démographiques pouvant aider à atténuer la pénurie de main-d’œuvre, leur attraction et leur rétention ne sont pas une sinécure.

D’abord, parce qu’ils sont de moins en moins nombreux. Selon Retraite Québec, une personne sur quatre partira à la retraite au cours des 10 prochaines années.

Chauffeur grisonnant au volant de son camion.
(Photo : iStock)

C’est plus d’un million de travailleurs et travailleuses qui ne seront plus disponibles.

Certains pourraient toutefois envisager revenir au travail pour des raisons financières puisque, toujours selon Retraite Québec, en 2020 plus du tiers (39 %) des personnes qui gagnaient entre 30 000 $ et 50 000 $ n’ont pas cotisé à un REER ni à un régime complémentaire de retraite.

Penser autrement

L’Institut du Québec (IDQ), un organisme de recherche sans but lucratif, a dans un premier temps voulu connaître l’ampleur du bassin de travailleurs expérimentés potentiels.

Il constate que la proportion de Québécois de 60 à 69 ans à l’emploi ou à la recherche d’un emploi (39,1 %) – que visent habituellement les politiques de prolongation de carrière – est bien inférieure à celle qui prévaut dans d’autres juridictions, notamment en Ontario (46,3 %) avec qui de nombreux experts voudraient bien combler l’écart.

« En réalité, le vieillissement de la population est déjà bien avancé au Québec. Bon nombre de baby-boomers ont déjà quitté le marché du travail », explique Emna Braham, directrice générale de l’IDQ.

« Or, les personnes qui approchent actuellement l’âge de la retraite sont de moins en moins nombreuses. Si bien que le bassin dans lequel nous espérions pouvoir puiser hier s’est considérablement tari au fil du temps », ajoute-t-elle.

Son collègue Simon Savard, coauteur de l’étude Allonger les carrières : défis et opportunités pour pallier les pénuries de main-d’œuvre, des allégements fiscaux à eux seuls ne convaincront pas les travailleurs expérimentés de rester sur le marché du travail ou d’y revenir.

« À ce chapitre, notre analyse montre qu’elle [la décision de partir à la retraite] dépend bien sûr des ressources financières disponibles, mais aussi de notre état de santé, de nos obligations familiales, de notre expérience de travail ou de notre niveau d’éducation. Il y a donc peu d’indications que seules des mesures fiscales puissent renverser la tendance actuelle », indique M. Savard.

Selon l’IDQ, il nous faudra adapter les politiques actuelles pour exclure le moins de personnes possibles du marché du travail.

Recommandations

L’IDQ recommande ainsi les mesures suivantes aux employeurs et différents paliers de gouvernement :

  • Soutenir la formation des travailleurs plus âgés, notamment en matière de technologies.
  • Mettre en place des mesures de transition entre le travail et la retraite qui permettraient aux plus âgés de continuer à contribuer selon leurs capacités, leurs besoins et leurs désirs.
  • Investir dans les soins aux aînés afin de favoriser la conciliation travail-famille puisque plusieurs travailleurs expérimentés agissent eux-mêmes à titre de proches aidants.

Vous pouvez télécharger l’étude Allonger les carrières : défis et opportunités pour pallier les pénuries de main-d’œuvre en cliquant ici.

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