Québec investit 59 millions $ dans un réseau de bornes de recharge destinées aux camions électriques et l’électrification du transport commercial

Le gouvernement du Québec vient de déposer sa Stratégie québécoise sur la recharge de véhicules électriques, dont un volet est spécifiquement dédié aux véhicules commerciaux de poids moyen et lourd.

Le gouvernement compte investir 35 millions $ pour accélérer l’implantation de la recharge publique pour le transport commercial.

Freightliner eM2 en recharge
Un poids moyen peut recouvrer 300 km d’autonomie en 11 minutes avec une borne de recharge ultrarapide. Le délai est de 22 minutes pour un poids lourd. (Photo : Daimler Truck North America)

Selon le porte-parole Frédéric Fournier, du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), cette mesure sera menée de concert avec le Circuit électrique d’Hydro-Québec et permettra « la recharge publique rapide pour le transport lourd et périurbain le long d’axes stratégiques avec une priorité accordée au transport régional et interrégional. »

Le nombre exact de ces bornes permettant d’étendre le rayon d’action des camions électriques sans qu’ils aient à revenir à leur terminal n’est pas encore défini, mais Québec entend les déployer le long des principaux axes routiers.

« Les haltes routières, les pôles logistiques et les zones industrielles s’avéreront notamment des emplacements de choix », précise le porte-parole du MELCCFP à l’occasion d’un échange avec Transport Routier. L’espace requis pour stationner ces camions sera pris en compte.

Plusieurs détails demeurent à déterminer, notamment parce que la stratégie gouvernementale vise à s’arrimer avec les réseaux de recharge des juridictions voisines, qu’il s’agisse de provinces canadiennes ou d’États américains.

Corridors transfrontaliers

« Il importe que des discussions soient tenues avec les administrations voisines afin de permettre l’établissement de corridors de recharge transfrontaliers, et ainsi maximiser l’utilisation de ces infrastructures coûteuses », dit Québec, qui compte par ailleurs entreprendre des discussions avec ses partenaires « en vue d’établir un corridor de recharge pour le transport lourd. »

Des critères de distance entre les bornes pour les camions ont déjà été déterminés par le Comité directeur sur les transports et la qualité de l’air de la Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada.

Les bornes qui seront déployées chez nous seront de type BRCC (borne de recharge par courant continu) qui utilisent du courant triphasé ou encore des bornes de recharge ultrarapides.

Les bornes conventionnelles de niveau 2 conviendraient mal au camionnage parce que cette technologie « implique des temps de recharge qui répondent souvent mal au besoin des transporteurs », peut-on lire dans la Stratégie.

300 km d’autonomie en 22 minutes

Selon Québec, ces bornes de niveau 2 peuvent requérir jusqu’à 51 heures pour redonner 300 km d’autonomie à un camion lourd, tandis qu’une BRCC (180 ou 350 kW) peut le faire dans un délai variant de 1 à 14 heures. Une borne ultrarapide y arrive en environ 22 minutes.

Ces bornes sont en quelque sorte nécessaires pour résoudre le problème de « l’œuf ou la poule » des infrastructures publiques.

« Il y a actuellement très peu de véhicules moyens et lourds électriques qui circulent sur les routes et encore moins de points de recharge à haute puissance pour combler leurs besoins, ce qui constitue un frein à l’électrification de ces véhicules », indique la Stratégie québécoise sur la recharge de véhicules électriques.

Tenir compte de l’hydrogène

Québec estime par ailleurs que la technologie des piles à combustible hydrogène sera probablement plus populaire dans le secteur des véhicules de transport commercial que dans celui des véhicules légers et que cela pourrait avoir une incidence sur le nombre total de bornes de recharge destinées aux camions électriques à batteries déployées dans la province.

« Il est difficile pour le moment de prédire la place respective qu’occuperont ces deux technologies dans le transport lourd et c’est pourquoi le déploiement des bornes ultra-rapides sera évolutif et s’adaptera en fonction des besoins », précise la Stratégie.

24 millions $ de plus en aide aux transporteurs

En plus des 35 millions $ pour les bornes de recharge publique, notons qu’un budget de 24 millions $ sera octroyé au cours des cinq prochaines années pour la mise en place d’une nouvelle aide financière pour des projets d’électrification d’envergure afin de soutenir, notamment, l’électrification du transport lourd et des parcs de véhicules.

« Ces aides financières pour des bornes de recharge de niveau 2 et des BRCC permettront à des exploitants de grands parcs de véhicules de réaliser des projets d’électrification intégrés qui couvriront la démarche complète », peut-on lire dans la Stratégie de Québec.

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