Reconnaissance des acquis des chauffeurs étrangers : Du travail reste à faire

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet a annoncé il y a quelques jours un investissement de 4 millions de dollars sur quatre ans pour la mise en œuvre de la mesure Prêts pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers.

« Nous avons assurément besoin de tous nos talents pour faire face aux défis actuels du marché du travail, dont la rareté de main-d’œuvre, qui a un impact direct sur la productivité des entreprises. C’est particulièrement vrai dans le contexte de la pandémie qui a contribué à accentuer ce phénomène », a déclaré le ministre Boulet lors de l’annonce.

Toutefois, il appert que l’industrie du camionnage gagnera bien peu de ce programme. Alors qu’un retour de la pénurie de chauffeurs pointe à l’horizon, il y a encore plusieurs irritants à l’embauche de chauffeurs étrangers.

(Photo : iStock)

L’Association du camionnage du Québec (ACQ) rappelle que les transporteurs qui embauchent des chauffeurs à l’international se butent toujours à des embûches administratives qui engendrent des coûts.

Il y a des pays avec lesquels le Québec a une entente de réciprocité en matière de reconnaissance des compétences, la France en est un exemple.

C’est ainsi qu’un chauffeur français détenteur de l’équivalent d’un permis de classe 1 est autorisé à conduire des poids lourds dès son arrivée ici. Il a cependant l’obligation d’obtenir un permis québécois dans les six mois suivants et, dès que les démarches en ce sens sont entamées, de renoncer à son permis de conduire d’origine.

Et comme il s’écoule fréquemment plus d’un mois entre l’examen théorique et l’examen pratique pour que ce chauffeur obtienne son permis du Québec, son employeur doit le rémunérer d’une manière ou d’une autre même s’il ne conduit pas, en l’assignant à d’autres tâches au sein de l’entreprise de transport par exemple, lorsque c’est possible.

Pour les chauffeurs provenant de pays avec lesquels il n’y a pas d’entente de réciprocité, la situation est légèrement différente mais la logique de perte de revenus pour les transporteurs demeure la même.

Un chauffeur provenant de la Bulgarie par exemple n’est tout simplement pas autorisé à conduire à son arrivée et, tant que le processus administratif auprès de la SAAQ n’est pas terminé, le transporteur employeur doit assurer sa subsistance s’il tient à le garder après avoir fait toutes ces démarches pour l’attirer ici.

« Il s’agit d’un enjeu d’importance pour l’ACQ et nous travaillons en collaboration avec la SAAQ afin de simplifier le processus de reconnaissance des compétences et ainsi faciliter l’intégration des travailleurs étrangers. L’ACQ continuera d’insister auprès du gouvernement du Québec afin de lui rappeler l’importance de minimiser les démarches administratives afin d’encourager les travailleurs étrangers à se joindre à notre industrie qui est en pénurie de main-d’œuvre importante », nous a déclaré Marc Cadieux, président-général de l’ACQ.

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