Tunnel La Fontaine : « Les temps de transport vont doubler », dit l’ACQ

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a annoncé hier qu’à  compter de cet automne, probablement en novembre, une seule voie sera ouverte à la circulation en direction de la Rive-Sud du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Deux voies seront disponibles en direction de Montréal.

Cette configuration, dans laquelle les trois voies de circulation se côtoieront dans un seul tube du tunnel, sera en place jusqu’en 2025.

Camions et autos vus de dos en direction du tunnel avec panneaux de signalisation oranges.
Les temps de transport vont doubler en raison du nouveau scénario de réfection du tunnel La Fontaine, estime le président-directeur général de l’ACQ. (Photo : MTQ)

La découverte de travaux plus importants que prévu à effectuer, notamment en raison de la dégradation de la voûte, est venue chambouler le scénario initial de réfection de cette infrastructure qui accueille chaque jour environ 120 000 véhicules, dont 13 % de camions. Cela en fait « la traversée entre la Rive-Sud et Montréal la plus utilisée pour le transport de marchandises », dit le MTQ.

Les autorités disent vouloir continuer de favoriser des comportements tels que le covoiturage ou l’utilisation des transports en commun pour endiguer le flot d’automobilistes se dirigeant vers le tunnel.

« Je suis très conscient des impacts qu’occasionnera la prolongation du chantier de réfection du tunnel sur la vie des résidentes et résidents de la région métropolitaine », a déclaré le ministre des Transports, François Bonnardel.

Impacts sur le camionnage

En entrevue à Transport Routier, le président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), Marc Cadieux, estime que cette nouvelle donne aura des impacts considérables sur l’industrie du camionnage. Il souligne que l’industrie souffre déjà d’une pénurie de ressources humaines et que les épisodes de congestion monstre à prévoir ne feront qu’aggraver la situation.

« Les temps vont doubler et même plus pour faire les mêmes mouvements de transport », dit-il, ajoutant que les coûts opérationnels vont considérablement augmenter, notamment les salaires puisque l’essentiel des chauffeurs qui font cet itinéraire sont payés à l’heure ou disposent d’un forfait de rémunération qui tient compte des temps d’attente supplémentaires.

« Qui voudrait se faire payer au kilomètre, pris dans des bouchons de circulation interminables? », demande M. Cadieux.

Il faudra également tenir compte des frais de carburant qui vont grimper en raison des longues périodes de marche au ralenti dans les files d’attente.

« On n’aura pas le choix, il va falloir ajuster la tarification à la réalité du terrain », dit le PDG de l’ACQ, selon qui ce sont ultimement les consommateurs qui paieront la note. « Dans tout prix de vente d’un item qui passe à la caisse enregistreuse, le coût de transport est inclus dedans », dit-il.

Alternatives limitées, port de Montréal affecté

Selon M. Cadieux, les alternatives au tunnel La Fontaine sont relativement limitées.

Le pont Samuel-De Champlain est déjà très sollicité, observe-t-il.

« Jacques-Cartier, c’est un autre problème. On arrive sur une rue, la rue Notre-Dame, qui est déjà en ce moment extrêmement congestionnée », ajoute M. Cadieux.

Quant au pont Honoré-Mercier, il pourra selon M. Cadieux servir de soupape, mais de façon très limitée pour des trajets précis, par exemple vers Ottawa ou Toronto. « On n’ira pas passer au pont Mercier pour aller au port de Montréal. »

Selon lui, l’ensemble de la dynamique du transport liée au port de Montréal est appelée à pâtir de cette restriction de circulation additionnelle.

« Le port de Montréal évidemment va subir un contrecoup assez considérable. Déjà on a des problèmes d’engorgement dans le port à des moments où plusieurs navires arrivent en même temps », conclut le dirigeant de l’ACQ.

Reste à savoir ce qui se passera lorsqu’une voiture tombera en panne dans le tunnel ou qu’un accident s’y produira.

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