Combien vaut un camionneur, aujourd’hui?
Un de mes premiers éditoriaux pour Transport Routier avait pour titre : Combien vaut un camionneur? Encore à ce jour, c’est un des textes d’opinion qui a engendré le plus de réactions et de commentaires. Un lecteur m’avait écrit, calculs et comparaisons à l’appui, qu’un camionneur valait 100 000 $ par année.
Vingt ans plus tard, Walmart semble lui donner raison. En effet, le géant du commerce de détail a annoncé qu’il hausse le salaire de départ de ses camionneurs américains pour l’établir entre 95 000 et 110 000 $ (américains, évidemment). Le salaire de départ chez Walmart était auparavant fixé à 87 500 $.
Walmart et Amazon se disputent les chauffeurs qualifiés dans l’industrie, lesquels, on le sait, sont très difficiles à trouver. Walmart offre des primes d’engagement pouvant aller au-delà des 10 000 $.
La pénurie de camionneurs ne date pas d’hier, et d’aucuns l’ont qualifiée de fausse pénurie, parce qu’aucune cargaison ne restait sur les quais des expéditeurs. Cette théorie est maintenant indéfendable, car il y a effectivement des chargements qui ne sont pas livrés, ou à tout le moins qui sont grandement retardés.
Une recherche rapide et pas du tout scientifique sur truckstopquebec.com montre des offres d’emploi de camionneurs à 70 cents du mille, à 30 $ de l’heure, des salaires de départ à 95 000 $, de généreuses primes à l’embauche et des semaines de travail de quatre jours. On est complètement dans une autre réalité.
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Le problème du manque de chauffeurs s’est transporté à la Chambre des communes à Ottawa, alors que la Fédération canadienne des épiciers indépendants a fait part de ses inquiétudes face à la hausse des coûts de transport des denrées alimentaires. La Fédération souligne que certains de ses membres doivent composer avec des hausses de coûts de l’ordre de 25 % à 30 %, avec des coûts de transport qui doublent et plus, et des surcharges sur le carburant qui «sont devenues exorbitantes».
Non seulement les conducteurs et conductrices de camions sont rarissimes, mais les camions sont livrés au compte-goutte en raison du chaos qui sévit dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. La capacité de transport excessivement resserrée a un coût et il est élevé.
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CargoM, la Grappe métropolitaine de logistique et transport de Montréal, a présenté la semaine dernière son Programme d’immersion professionnelle en camionnage (PIPC). Cette initiative vise à faire connaitre le métier de camionneur aux jeunes par des moyens concrets comme des essais pratiques et des visites en entreprise.
Les participants qui souhaitent s’inscrire au DEP en transport par camion auront ensuite accès aux services d’un conseiller en orientation qui pourra les guider dans leur démarche d’inscription. Outre CargoM, le Centre de formation en transport routier de Saint-Jérôme et Camo-route sont partie prenante du projet.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture de nos nouveautés.
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca