Les 10 grands enjeux du camionnage au Canada en 2023

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Une année s’est écoulée et, pour plusieurs, 2023 est à oublier. Après les hausses de tarifs record, les augmentations de salaire des conducteurs et la disponibilité du fret en 2022, cette année nous a rappelé que nous travaillons dans un secteur cyclique. Mais si l’on se penche sur les principaux titres de l’année passée et sur les thèmes qui ont persisté tout au long, on constate qu’il y a aussi beaucoup de raisons de se réjouir.

L’adoption de nouvelles technologies, le déploiement de camions zéro émission, le renforcement des normes de formation des conducteurs et l’arrivée de l’IA sont également des thèmes plus optimistes pour 2023. Voici un aperçu des sujets qui ont dominé la couverture médiatique de 2023 :

Récession du fret

Le secteur du transport routier est par nature cyclique, mais y a-t-il jamais eu un cycle comme celui-ci ? Un an à peine après que les transporteurs aient bénéficié de volumes de fret et de tarifs sans précédent grâce au boom des dépenses de consommation post-pandémique, une tempête parfaite s’est formée pour nous rappeler le caractère cyclique du secteur.

Les consommateurs ont commencé à réduire leurs dépenses en biens au profit d’expériences qui ne sont pas transportées par camion (vacances, spectacles, etc.). L’afflux de nouveaux venus dans le secteur, qui cherchaient à tirer parti des tarifs et des volumes élevés du marché au comptant de l’année précédente, s’est soudain trouvé confronté à un manque de fret, à des tarifs bas, à du matériel surévalué acheté au plus fort de la crise et à une hausse des prix du diesel.

Une surcapacité de services de camionnage a défini les marchés du fret en 2023, et les experts prévoient qu’elle s’étendra au second semestre 2024 malgré un nombre record de faillites et d’abandons dans ce secteur.

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Chauffeur inc.

La CTOA a fait preuve tact lors d’un dîner de gala organisé en janvier 2023 en présence d’élus fédéraux et provinciaux. (Photo : John G. Smith)

La classification erronée et controversée des chauffeurs routiers en tant qu’entrepreneurs indépendants dans le cadre d’un système que l’Alliance canadienne du camionnage (ACC) a appelé Chauffeur inc. a continué à être un sujet de discorde en 2023. En fait, le problème s’est même répandu, les transporteurs du Québec et des provinces de l’Atlantique se plaignant pour la première fois que la pratique s’est étendue dans leurs régions.

En janvier, la Canada Truck Operators Association (CTOA), qui est composée principalement de transporteurs de la communauté sud-asiatique, a annoncé sa présence lors d’un dîner de gala réunissant plus de 200 transporteurs et 1 000 invités. Elle s’est opposée à la campagne anti-Chauffeur inc. de l’ACC, affirmant que ses propres membres ont été ciblés et que son interprétation juridique suggère qu’il n’y a rien de fâcheux dans la classification des chauffeurs routiers en tant que contacteurs indépendants.

Les gouvernements fédéral et provinciaux sont restés hésitants, rencontrant les deux groupes et ne s’engageant guère à appliquer les lois fiscales existantes aux transporteurs qui emploient des chauffeurs de cette manière, ce qui garantit que le problème continuera à se poser l’an prochain.

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La réglemention sur les DCE entre en vigueur… en quelque sorte

Après des années de planification et de discussions sur le sujet, les exigences en matière de dispositif de consignation électronique (DCE) sont entrées en vigueur en janvier, ce qui n’aurait pas dû poser de problème. La plupart des flottes avaient déjà effectué la transition en prévision des règles. Mais à l’approche de l’année 2023, certaines juridictions semblent avoir hésité.

La Colombie-Britannique a repoussé au 1er août la mise en vigueur de la réglementation pour les transporteurs réglementés par la province, et le Québec l’a repoussée au 30 avril. Certaines provinces, dont l’Alberta, la Saskatchewan et, plus récemment, la Nouvelle-Écosse, n’ont pas annoncé leur intention d’obliger les transporteurs réglementés par la province à adopter les DCE.

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Trevor Whitnell, à gauche, forme l’élève conducteur Dan Gray à l’utilisation d’un DCE à la Challenger Transportation Training Academy de Cambridge, en Ontario. (Photo : Leo Barros)

La faillite de Yellow Corp.

Environ 30 000 chauffeurs routiers syndiqués se sont retrouvés au chômage au cours de l’été 2023 après la faillite du transporteur LTL américain Yellow Corp. En raison de la surcapacité du marché, il n’y a guère eu d’augmentation du fret, celui-ci ayant été rapidement absorbé par d’autres acteurs.

L’un de ces acteurs était TForce Freight de TFI International, qui a également acheté deux des terminaux américains du transporteur en faillite. Environ 128 chauffeurs et voituriers remorqueurs canadiens ont été affectés par la fermeture.

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(Photo : Yellow Corp.)

Problèmes municipaux

À Caledon, en Ontario, la police enquête sur une fusillade qui a fait deux morts et un blessé en novembre sur une propriété liée à une opération illégale de stationnement de camions. En janvier 2023, la ville a poursuivi avec succès deux entreprises de camionnage illégales, ce qui a abouti à une décision de justice ordonnant l’arrêt des activités sur deux sites, dont l’un est mentionné ci-dessus. La ville compte un grand nombre de parcs à camions illégaux de tailles diverses.

Des villes comme Mission (C.-B.) et Cambridge (Ontario) détournent les camions de leurs centres-villes, ceux-ci jouant du coude avec les automobilistes et les piétons pour se faire une place. La ville de Windsor, en Ontario, a lancé une étude sur les itinéraires des camions afin de mettre à jour le réseau routier, qui comprend le pont transfrontalier Ambassador, très fréquenté, et le tunnel Windsor de Detroit.

Une propriété située sur le chemin Mayfield à Caledon qui était utilisée pour le stationnement des camions. À l’heure actuelle, le terrain a été débarrassé de tous les camions et remorques. (Photo : Ville de Caledon)

Les fusions et acquisitions se poursuivent

L’année a pu sembler calme en ce qui concerne les fusions et acquisitions, mais au moins 20 transactions ont été signalées, la plupart d’entre elles étant de petite taille et de type «tuck-in». L’acquisition stratégique la plus importante est peut-être celle de Titanium Transportation, qui a racheté Crane Transport et s’est ainsi implantée sur le marché américain du camionnage basé sur les actifs.

Canada Cartage a fait de même en achetant GTI Group et ses filiales américaines, ce qui montre que les transporteurs canadiens n’hésitent pas à pénétrer sur le marché américain et qu’ils y voient une opportunité de croissance future.

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Des normes de formation plus strictes

Les normes de formation obligatoire minimale continuent de se répandre dans le pays, les provinces de l’Atlantique étant les dernières à s’engager à renforcer les normes de formation pour les conducteurs de camions commerciaux.

Alors que les détails des plans récemment annoncés pour le Canada atlantique restent flous pour l’instant, le président de l’Ontario Trucking Association (OTA), Stephen Laskowski, a déclaré publiquement à deux reprises que l’association aimerait voir la formation d’un programme de formation de type québécois géré par la province pour les chauffeurs de camion et les mécaniciens.

La SAAQ collabore d’ailleurs avec les transporteurs Groupe Robert et VTL Express, ainsi que les centres de formation privés Jasmil et Extra Centre de formation pour tester le programme en vue de sa mise en place dans la province. Le dossier continue de progresser, mais nous verrons ce qu’il en sera en 2024.

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L’adoption des véhicules électriques s’accélère

Les flottes canadiennes, en particulier en Colombie-Britannique et au Québec où de généreux encouragements provinciaux s’ajoutent aux programmes fédéraux, ont rapidement adopté les camions électriques. Le déploiement de ces camions dans les rudes conditions d’exploitation de l’hiver canadien prouvera que la technologie est prête.

Volvo et Freightliner ont tous deux vendu des camions électriques de classe 8 sur le marché canadien au cours de l’année écoulée, tandis que plusieurs entreprises de ramassage d’ordures utilisent le Mack LR Electric et que des VE de taille moyenne plus petits sont utilisés dans de nombreuses applications à travers le pays. La marche vers la décarbonation de l’industrie canadienne du camionnage a commencé, bien que prudemment de la part de flottes avant-gardistes ayant de solides engagements en matière d’ESG (environnement, social et gouvernance).

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(Photo : Tim Hortons)

Cybersécurité et fraude

C’est l’année où nous avons douloureusement pris conscience que le secteur du transport routier est une cible privilégiée pour les cyberattaques et les fraudes. Un important fournisseur de DCE a été mis hors ligne pendant des semaines à la suite d’une cyberattaque qui a mis hors service ses dispositifs et ses plates formes de gestion de flotte.

Un pirate informatique en Ontario a démontré au secteur qu’il était vulnérable au piratage lorsqu’il a mis hors service un tracteur semi-remorque devant un public lors d’une conférence. La fraude au fret et le double courtage ont été monnaie courante, les fraudeurs cherchant à tirer profit de transporteurs désespérément à la recherche de chargements bien rémunérés.

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Photo: Istock
(Photo : iStock)

Intelligence artificielle

L’IA est sans doute le mot à la mode de l’année 2023. Mais il ne s’agit pas seulement d’une simple mode. Nous avons assisté à des présentations démontrant comment l’IA peut profiter à l’industrie du transport routier, par exemple en automatisant les tâches banales et répétitives, permettant ainsi aux employés de se concentrer sur des problèmes plus complexes. Elle peut également rendre les opérations de maintenance des flottes plus prévisibles, en avertissant les responsables lorsque des pièces sont susceptibles de tomber en panne. Enfin, elle peut améliorer la fiabilité de technologies telles que les caméras de surveillance, ce qui permet aux gestionnaires de flotte d’avoir une meilleure idée des comportements de conduite.

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